"Ce ne sont pas les chiffres qui m'intéressent, mais plutôt les actions, les moyens et la volonté" Michelle Courchesne - Ministre de l'éducation
Que devons-nous comprendre derrière les propos de Mme Courchesne? N'est-il pas ironique d'entendre de tel propos de la femme qui a réintroduit le bulletin chiffré? Et bien non!
Si la Ministre de l'éducation se refuse à évaluer uniquement le système d'éducation sur la base de données quantitatives comme celle de Statistique Canada sur le décrochage scolaire, c'est parce qu'elle sait que ces études n'ont pas une valeur absolue. Lorsqu'on compare les résultats des études effectués sur le décrochage scolaire au Canada, on se rend rapidement compte des écarts entre celles-ci. En fait, il n'existe pas de méthode standard d'estimation du taux de décrochage et encore moins un définition commune de ce qu'est le décrochage scolaire. Ainsi, pour pouvoir affirmer que le Québec affiche la pire taux de décrochage des provinces canadiennes, après le Manitoba, il faudrait pouvoir valider que nous comparons des pommes avec des pommes. Malheureusement ou heureusement, il semblerait que ça ne soit pas le cas... Sinon comment pourrait-on expliquer que le Québec possède à la fois un taux de diplomation supérieur à la moyenne canadienne et un des pires taux de décrochage scolaire?
"85% des élèves qui entrent au secondaire finissent par obtenir leur diplôme un jour ou l'autre", Michelle Courchesne - Ministre de l'éducation
Comme la Ministre, je trouve plus pertinent pour l'ensemble de la population et pour les travailleurs du domaine de l'éducation de s'évaluer avec un indicateur comme le taux de diplomation plutôt que d'utiliser le taux de décrochage, même si les deux indicateurs ont leurs avantages et leur inconvénients.
Je m'explique, si l'on calcul que le taux de décrochage scolaire représente tous les élèves qui n'ont pas obtenue leur diplôme d'étude secondaire avant l'âge de 17 ans. Le risque de surestimer le nombre de décrocheur est énorme puisque le résultat obtenue ne tiendra pas compte des élèves qui ont dû reprendre une année scolaire pour de raisons de santé ou parce qu'ils ont tout simplement doublé. Or, le taux de décrochage ne valorise pas la persévérance scolaire et les efforts mises en place pour accrocher les jeunes à l'école.
Avouons-le, il n'y a pas une mesure qui soit plus exact que l'autre, car il y a toujours des risques de surestimer ou de sous-estimer les valeurs réelles. Néanmoins, si l'objectif est d'améliorer notre système d'éducation, alors je choisirais de mettre l'accent sur le taux de diplomation afin de le renforcer positivement et de récompenser le travail des enseignants. Ce choix ne reflète pas un besoin de tourner le dos à un problème ou de faire l'autruche comme certains pourraient dire. Nul besoin d'être psychologue pour comprendre qu'il faut parfois changer de perspective si l'on veut arriver à résoudre un problème.
Et vous, qu'en pensez-vous?
Pour en savoir davantage sur le sujet, je vous invite à lire le texte Qu'entend-on réellement par décrochage scolaire? de Michel Rousseau et Richard Bertrand dans La réussite scolaire: comprendre et mieux intervenir.
Dans mon prochain article, nous continuerons notre réflexion sur le besoin de valoriser davantage la profession enseignante au Québec.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire