Le Devoir - Éducation

Mot de la présidente du Conseil Supérieur de l'éducation

vendredi 13 mars 2009

La réussite scolaire, un sujet qui fait couler l'encre au Canada et au Québec

Depuis que j'ai commencé mon contrat de travail au CRIRES, il y a deux mois, il ne s'est pas passé une semaine sans que l'on parle dans les journaux du décrochage scolaire ou des enjeux de la réussite scolaire au Québec. Est-il normal qu'on en parle autant? Est-ce devenu une obsession comme le souhaitaient les dirigeants de Carrefour Jeunesse emploi?

D'un point de vue sociologique, on pourrait émettre l'hypothèse que la conscience collective des Québecois et Québécoises préfèrent voir la réalité dans le prisme de la peur de perdre nos acquis en éducation réalisés dans les dernières décennies.

Ma curiosité m'a poussé cette semaine à répertorier le nombre d'articles scientifiques portant sur le sujet dans la base de données spécialisée ERIC ( Education Research Information Center) http://www.eric.ed.gov/. Pour rendre l'exercice encore plus intéressant, j'ai comparé les résultats des différentes recherches par "mot clé " et par "pays ". Voici quelques résultats :




Ce petit exercice montre à quel point la réussite éducative ( academic achievement) est un enjeu important pour les Canadiens et les Québécois. En effet, sur 61635 articles répertoriés, 1823 ont été publiés par des Canadiens et 306 par des Québecois comparativement à 143 pour les Finlandais et 222 pour les États-Uniens.

En ce qui concerne le décrochage scolaire ( dropout, dropout programs, dropout prevention). Les Canadiens et les Québécois sont encore une fois les plus nombreux à écrire sur le sujet. En somme, le Québec produit presque autant d'articles scientifiques sur ce sujet que les États-Unis et le Canada en produit 5 fois plus que les États-Unis et 21 fois plus que la Finlande.

Or, si l'on compare le taux de décrochage de ces pays, il semble que le nombre d'articles scientifiques produits ne soit pas un gage de réussite. Selon une étude réalisée aux États-Unis, the silent epedemic: perspective of school dropout , en 2003 on estimait qu'environ 3,5 millions des jeunes âgés entre 16 et 25 ans avaient quitté l'école avant d'avoir obtenue leur diplôme d'études secondaires. Ce que d'autres auteurs évaluent à 31 % de décrochage scolaire. Selon l'institut de statistique de la Finlande, le taux d'abandon scolaire est de seulement 6 % pour les étudiants inscrits au programme régulier d'éducation secondaire, 4 % pour les étudiants inscrits dans un programme à vocation professionnel et 6% pour les étudiants inscrits dans un programme à l'université.



N'hésitez pas à écrire des commentaires, j'aimerais savoir quelles autres conclusions pourrait-on tirer de ces résultats?


1 commentaire:

  1. Cet article suscite en moi deux questions. La première concerne la définition même de décrochage scolaire ou de réussite scolaire. Comment ces différents pays définissent ces concepts? car souvent on se lance trop rapidement sur les comparaisons sans réellement comprendre les différences conceptuelles de ce qu'on évalue. J'aimerais beaucoup savoir la position de la Finlande face à son taux de décrochage. Ont-ils dans leur culture ce désir affolé de la performance? Quand déclarent-ils qu'un enfant a abandonné l'école?
    La deuxième question traite de la façon dont de la recherche sur la réussite scolaire est menée jusqu'à présent. Je me demande quel est le but des recherches? Créer une conscience sociale sur un problème donné? Appuyer des politiques publiques?Contribuer à faire baisser les statistiques?etc. Il faudrait se demander sincèrement quel est le but ultime, car derrière ces chiffres, derrières ces concepts, derrière cette grande préoccupation il y a des enfants et des jeunes ciblés.
    Est-ce que cette préoccupation pour le décrochage scolaire incite concrètement la mise en place des mesures efficaces? Est-ce que grâce à tous ces chiffres les écoles sont mieux préparés pour motiver les jeunes? Est-ce que le corps professoral, la famille et la communauté ont des meilleurs outils de travail? Est-ce que le jeune lui-même construit un discours propre qui le rende autonome face à cette situation? Ou ces études ne servent qu'à effrayer la population et alimenter les discours des politiciens?
    J'aimerais voir plus souvent les enfants et les jeunes prendre la parole. Les voir jouer plus souvent dehors, être réellement accompagnés à la maison, dans leurs communautés. J'aimerais aussi qu'on comprenne que la réussite scolaire de l'enfant implique plus que sa performance scolaire, une conscience sociale de la place du jeune dans notre société. De ce fait, au lieu de parler uniquement sur le jeune, faudrait-il peut être se concentrer sur ce qui motive, stimule et affecte celui-ci dans son développement. Parlons de la famille, des parents, des problèmes comme la violence, le suicide, le manque de perspective par manque de stimulation. Parlons des activités sportives et artistiques, de réseautage, de divertissement. Parlons également de points forts de notre éducation, des jeunes qui excellent à chaque jour. Enfin, arrêtons d'étiqueter toute une génération sur des bases statistiques.

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